On regardait l’émission de Frédéric Taddeï sur le thème : «Faut-il contrôler internet ?» Au bout d’une demi-heure, Jacques Séguéla évoque les dérives du net via l’histoire des photos de Laure Manaudou». Laurent Consolaro et Dominique Daghini n’en croient pas leurs oreilles lorsqu’ils entendent l’argumentaire du célèbre publicitaire : «Il a suffi de quelques photos d’un petit salopard, parlons de saloperie, d’un petit salopard d’Italien, pour détruire, non seulement cette championne, mais cette fille ».

Les sangs du petit-fils et du fils d’immigrés italiens demeurant dans le Pays-Haut ne font qu’un tour. «Des propos injurieux et totalement racistes. Ils offensent de manière grave la communauté italienne vivant en France, et aussi toute la communauté italienne en tant que peuple européen.» Outrés, Laurent et Dominique décident de déposer plainte contre Jacques Séguéla pour injures et propos à caractères racistes. Un courrier daté du 20 janvier est adressé au procureur de la République de Briey, pour que «soit sévèrement puni ce genre de propos méphitiques affichant clairement une haine raciale sous-jacente. Le caractère public de cette intervention raciste est une circonstance aggravante ».
Pour souligner la portée des propos de Jacques Séguéla, «qui connaît le sens et l’étymologie des mots», les deux plaignants imaginent de substituer, dans la phrase litigieuse, le mot «Italien» par un autre, par exemple «Maghrébin, juif ou arabe».

«Banalisation intolérable»

«Tout le monde aurait crié au scandale ! Or là, le publicitaire prononce cette phrase et personne ne semble choqué sur le plateau. Certains même acquiescent. Il y a ici une banalisation de l’injure à l’encontre de la communauté italienne. Et ça, nous ne pouvons le tolérer.»
Leur démarche «totalement apolitique et portée par deux hommes libres soucieux d’une vraie justice» ne s’arrête pas là. Des copies de la plainte ont été adressées à SOS Racisme, à la Halde, au Mrap, au consulat d’Italie, à divers médias italiens et internationaux et de multiples associations italiennes. «Nous avons également demandé à rencontrer notre député, Jean-Yves Le Déaut».
Décidés à remuer ciel et terre pour que la justice passe, Dominique Daghini et Laurent Consolaro ont même décidé d’utiliser… internet pour fustiger de tels comportements en ouvrant un blog (http://laveritecontrelemonde.blog4ever.com). On peut y voir naturellement la fameuse vidéo du scandale.
Contacté hier au siège de la société Euro RSCG à Suresnes, Jacques Séguéla a fait savoir ne pas être au courant de cette affaire. « Dans l’attente de connaître l’ensemble des éléments de la plainte », l'homme s’en tient à un simple no comment.